Home FIGARO VOX Vox Politique. Par Christian Combaz. Publié le 05/09/2014 à 20:43
FIGAROVOX/CHRONIQUE
- Le romancier Christian Combaz a flairé, dans le succès inattendu du livre de Valérie Trierweiller, un lointain mais fidèle écho de ce qu'on appelait le bovarysme à la fin du XIXème.
Christian Combaz est écrivain et essayiste. Son dernier livre, «Gens de Campagnol», est paru en 2012 chez Flammarion.
«Une vie» de Maupassant, ou Madame Bovary de Gustave Flaubert, sont des romans qui ont connu un succès considérable pour avoir porté, sur la déception sentimentale, sur l'égoïsme dans la relation amoureuse, un regard féminin à la fois émouvant et implacable.
Les deux contiennent un portrait épouvantable du séducteur bas-de-gamme, comme s'il existait une constante dans la goujaterie masculine: emportements exagérées, avarice de sentiments sincères, désir de maintenir une emprise sur une femme alors même qu'on la trompe de manière compulsive, répudiation quand on est pris en faute, refus d'endosser ses responsabilités quand elle exige le mariage ou attend un enfant, etc.
Il est difficile de comprendre pourquoi le livre de Valérie Trierweiler se vend si bien sans recourir à une analyse du phénomène qui remonte un peu plus loin que le goût du scandale ou la curiosité people.
D'abord on est obligé d'admettre que les raisons de ce succès sont absolument étrangères au battage médiatique puisque la presse et les télévisions répètent, avec une hâte un peu suspecte, que ce déballage est une honte et qu'il ne faut pas l'acheter.
(Pendant le 13 heures de France 2, la journaliste interroge une cliente dans les rayons de la Fnac: «Vous n'avez pas honte d'acheter ça?» Et la dame lui répond «si mais je l'achète quand même»).
Les femmes ont déjà connu pour la plupart le type de personnage masculin auquel il est fait allusion sous la couverture. Ce qu'elles veulent lire là-dedans, c'est la vérité de ce qu'elles ont vécu, vérité évidemment multipliée par les dorures et les lambris des palais républicains, mais l'homme de pouvoir qui se défile quand on lui demande «est-ce que tu m'aimes?».
En d'autres termes la publicité qu'on lui fait est très mauvaise or le livre est malgré tout en rupture de stock. La première explication qui ne manquera pas de satisfaire les détracteurs des «réseaux», ces continents cachés de l'opinion française qui sont capables de rejeter dans l'ombre et le silence n'importe quoi ou qui, c'est que l'auteur et l'éditeur ont pratiqué une opération offshore: l'objet est arrivé en librairie en sautant toutes les coteries parisiennes et les agents prescripteurs. On l'a pratiquement livré par hélicoptère. Le public est donc directement aux prises avec le contenu du colis et visiblement l'intervention des journalistes de télévision devant les rayonnages n'aura pas le moindre effet. Mais cela encore ne suffit pas à expliquer pourquoi les lecteurs, et notamment les femmes, ont épuisé la livraison en trois heures.
C'est là qu'intervient une raison plus souterraine qu'on ne peut pas écarter: les femmes ont déjà connu pour la plupart le type de personnage masculin auquel il est fait allusion sous la couverture. Ce qu'elles veulent lire là-dedans, c'est la vérité de ce qu'elles ont vécu, vérité évidemment multipliée par les dorures et les lambris des palais républicains, mais l'homme de pouvoir qui se défile quand on lui demande «est-ce que tu m'aimes?», celui qui envoie des SMS avec une insistance de pervers narcissique, le manipulateur froid qui n'aime pas qu'on l'abandonne mais qui ne dédaigne pas d'entretenir trois relations en même temps, le calculateur qui échafaude sans cesse des plans de bataille, le type qui n'a aucune idée de lui-même sauf quand il interroge le regard d'autrui, tout cela parle à l'oreille de la femme d'aujourd'hui. Elle vient donc chercher dans ce témoignage un réconfort contre ce qu'elle a déjà subi au moins une fois dans sa vie.
Si c'est la bonne explication non seulement le livre fera un million mais contrairement à ce que pensent les chroniqueurs, visiblement dépêchés en hâte pour éteindre le feu, il est déjà entré dans l'histoire de France parce qu'il va la précipiter.
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Traducción personal
Cristiano Combaz es escritor y ensayista. Su último libro, " Gente de campo", fue publicado en 2012 por Flammarion.
"Vida" de Maupassant, o Madame Bovary de Gustave Flaubert, son novelas que han gozado de un éxito considerable al llevar la decepción sentimental, y al egoísmo en la relación amorosa, una mirada femenina tanto conmovedora como implacable. Ambas contienen un retrato espantoso del juego bajo de seducción, como si hubiera una constante en la patanería masculina: de enamoramiento exagerado, avaricia de sentimientos sinceros, deseo de mantener compulsivamente el control sobre una mujer con el mismo engaño y burla, repudio cuando se está en falta, rehusándose a asumir sus responsabilidades cuando se requiere el matrimonio o la atención al nacimiento de un hijo, etc.
Es difícil entender por qué el libro Valerie Trierweiler se vende tan bien sin recurrir a un análisis del fenómeno que se remonta un poco más al sabor de escándalo o a la curiosidad personal. En primer lugar tenemos que admitir que las razones de este éxito son absolutamente ajenas a la publicidad como la prensa y la televisión repite, con una prisa un poco sospechosa que este producto es una vergüenza y no hace falta ser el comprador.
(Durante el programa de TV las 13 horas de Francia 2 la periodista entrevista a un cliente: "Usted no se avergüenza de comprarlo?" Y la señora respondió, " si, pero lo compro de todas formas").
La mayoría de las mujeres conocen en su mayoría al tipo de personaje masculino que se alude en la obra. Lo que ellas quieren leer ahí, esa es la verdad de sus experiencias, la verdad, obviamente, multiplicada por el dorado y el revestimiento de madera del palacio republicano, por el hombre de poder que se desplaza cuando se le pregunta ¿"me amas? '.
En otras palabras, la publicidad que se hace es muy mala o el libro está todavía fuera de stock. La primera explicación que está seguro de satisfacer a los críticos de "redes", estos continentes escondidos del público francés que puede eclipsar y silenciar o, es que el autor y el editor han practicado una operación en alta mar: el objeto llegó a las librerías saltando todos los cenáculos parisinos y agentes prescriptores. Fue prácticamente entregado por helicóptero. El público está tratando directamente con el contenido del paquete, una aparente respuesta a los periodistas de televisión antes de los estantes no tendría ningún efecto. Pero eso todavía no explica por qué los lectores, especialmente las mujeres, han agotado la entrega en tres horas.
Aquí es donde interviene una razón más escondida, porque no se puede descartar que las mujeres hayan experimentado en su mayoría el tipo de personaje masculino que se alude en el texto. Lo que ellas quieren leer ahí, esa es la verdad de sus experiencias, la verdad, obviamente, multiplicada por el dorado y el revestimiento de madera del palacio republicano, por el hombre de poder que se desplaza cuando se le preguntó "¿me amas? ", que envía SMS con una insistencia perverso narcisista manipuladora, fría que no le gusta ser abandonado, pero que no es reacio a mantener tres relaciones simultáneamente, el calculador que constantemente acumula planes de batalla, el tipo que no tiene idea de sí mismo, excepto cuando se cuestiona ante los ojos de los demás, todos hablan al oído de la mujer de hoy. Así que se recoge en este testimonio consuelo en contra de lo que ha experimentado al menos una vez en su vida.
Si esta explicación es correcta, no sólo el libro venderá más de un millón de ejemplares, pero contrariamente a las opiniones de los columnistas, que al parecer despechados, a toda prisa se apresuraron a apagar el fuego, que ya ha entrado en la historia de Francia
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