Le Monde.fr avec AFP | 04.08.2015 à 16h45 • Mis à jour le 04.08.2015 à 18h00
La conquête du pôle Nord continue. La Russie a officiellement soumis aux Nations unies, mardi 4 août, une revendication sur 1,2 million de kilomètres carrés dans l’Arctique. Dans sa demande, elle affirme que des années de recherche scientifique sur les limites de son plateau continental démontrent son droit sur les vastes ressources naturelles situées au fond de l’océan Arctique.
La convention des Nations unies sur le droit de la mer permet en effet à un Etat côtier d’étendre sa juridiction sur le plateau continental – c’est-à-dire le prolongement des terres sous la surface de la mer – au-delà des 200 milles nautiques (370 km) de sa zone économique exclusive. A condition toutefois d’apporter la démonstration devant une commission internationale que ce secteur se situe dans la continuité de son territoire terrestre.
Glacier de Zachariae, sur la côte est du Groenland. Glacier de Zachariae, sur la côte est du Groenland. NASA / AFP
Moscou avait adressé une première requête à l’ONU en 2001, mais l’organisation lui avait réclamé d’apporter davantage de preuves pour appuyer sa revendication. Depuis, la Russie a procédé à plusieurs expéditions scientifiques polaires d’envergure pour collecter des preuves devant appuyer ses revendications. En 2007, une expédition a effectué une plongée record dans les profondeurs de l’océan Arctique, plantant symboliquement à cette occasion un drapeau russe au fond des eaux polaires, à 4 261 mètres de profondeur. image: http://s1.lemde.fr/image/2015/08/04/534x0/4711563_6_daaa_les-russes-ont-plante-leur-drapeau-dans-le_b3fc193fdcc6cca8fe569f4e29dabaee.jpg Les Russes ont planté leur drapeau dans le fond de l'Arctique le 2 août 2007.
Les Russes ont planté leur drapeau dans le fond de l'Arctique le 2 août 2007. Anonymous / AP Parallèlement, le président Vladimir Poutine a accentué l’attention portée à la question de l’Arctique, établissant une commission spéciale chargée de développer les projets économiques dans la région, tandis que les manœuvres militaires d’ampleur s’y sont multipliées. La doctrine militaire navale russe a également été modifiée en juillet pour mettre l’accent sur l’importance stratégique de l’Arctique, avec notamment le développement de la Flotte du Nord. Un nouvel eldorado disputé Cette demande donnerait potentiellement à Moscou l’accès à des dépôts d’hydrocarbures d’un total de 4,9 milliards de tonnes, selon les estimations du gouvernement russe.
Mais la Russie n’est pas la seule puissance à lorgner sur les trésors de l’océan glacé. Son sous-sol attise en effet les convoitises des Etats riverains – Russie, Canada, Etats-Unis (via l’Alaska), Norvège et Danemark (via le Groenland) – depuis quelques années. Ils ont tour à tour lancé des missions scientifiques destinées à établir leur souveraineté sur une partie des fonds océaniques. Lire aussi : Le Danemark, lui aussi, convoite le pôle Nord L’Arctique renfermerait 13 % des ressources mondiales non découvertes de pétrole (90 milliards de barils, soit trois ans de consommation mondiale) et 30 % de celles de gaz naturel (47 000 milliards de m3, soit six ans de consommation), essentiellement en Russie et en Alaska, selon une étude de l’Institut de géophysique américain (USGS) de 2008. Une manne qui attise les convoitises, alors que la demande en énergie ne cesse de grimper – elle devrait doubler d’ici à 2050 – et au moment où la fonte des glaces est sur le point de battre son record historique.
La demande de Moscou comprend une partie de la dorsale de Lomonossov, également revendiquée par le Danemark et le Canada, ainsi que celle de Mendeleïev, considérée par la Russie comme étant partie intégrante du continent eurasiatique. Lire : L'Arctique, terre promise pour les compagnies pétrolières ?
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