- Créé : 05-11-2014 13:27
Peut-on parler d’une déroute pour le camp démocrate ?
Cela s’en rapproche fortement. C’était prévisible car les élections de mi-mandat sont des élections sanctions, où le président joue le rôle de bouc émissaire. La maison Blanche s’était d’ailleurs préparée.
Est-ce une défaite personnelle pour Barack Obama ?
Il ne faut pas caricaturer ce rejet, car il dispose encore d’un électorat qui le soutient. Mais il a perdu sa grâce et sa magie, la capacité de déplacer aux urnes les gens qui n’y croient pas trop. Notamment à cause de son image de faiblesse sur la scène internationale, car celle-ci se répercute à l’intérieur. Malgré tout, il apparaîtra dans quelques années comme le président qui a rétabli l’économie américaine et fait passer une réforme historique de la santé.
D’où cette expression de "lame-duck president", littéralement le "canard boiteux", qui revient souvent ?
On parle toujours du "canard boiteux" et Barack Obama n’échappe pas à la règle. Cela arrive à tous les présidents à la fin d’un second mandat. Quand ils ne peuvent plus se représenter et que la future campagne est lancée, c’est "chacun pour soi" : les membres du Congrès pensent déjà à leur réélection, les candidats potentiels songent à leur campagne et les médias délaissent progressivement le président qui est à la Maison Blanche.
Malgré tout, Barack Obama conserve un pouvoir politique.
Il a en effet les moyens de peser politiquement, grâce à son droit de veto et sa capacité de faire appel à l’opinion, en s’adressant directement aux Américains en cas de blocage avec les républicains. Il peut également gouverner par décret, même si cela est limité aux Etats Unis. Ses pouvoirs sont en outre étendus en matière de politique étrangère, à l’heure où celle-ci est primordiale.
Des réformes emblématiques sont-elles donc envisageables ?
Non, il n’y aura par exemple pas de réforme de l’immigration. Mais il peut cependant agir par décret dans le cadre des lois actuelles, comme sur les rythmes des expulsions ou le regroupement familial. Même chose en matière de climat, puisqu’il n’y aura pas de grandes réformes de l’énergie. D’autant plus que dès aujourd’hui, le nouveau patron du Sénat s’appelle Mitch McConnell, une personne extrêmement dure avec laquelle aucune négociation n’est possible.
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Quelle sera d’ailleurs la feuille de route des républicains ?
Ils n’ont pas défendu de programme durant ces élections, où ils se sont contentés de faire campagne contre Obama. Si leur victoire est incontestable, celle-ci va être difficile à gérer : c’est un parti divisé, en guerre entre les "raisonnables" et les "ultras". Ces derniers ne sont pas les plus nombreux, mais ce sont les plus déterminés, très vociférants avec des idées précises.
"L’Obamacare", l’emblématique réforme sur la santé, va-t-elle être abrogée ?
Non, ils peuvent modifier des éléments dans la loi comme l’obligation de s’assurer. Mais ils ne vont pas retirer une assurance que plus de 10 millions de personnes ont acquis pour la première fois.
Autre enseignement de ce scrutin, celui d’un électorat désabusé, avec 79% des électeurs désapprouvant le travail du Congrès.
Les gens ne se désintéressent pas de la politique, mais ils ne se sentent pas représentés au Congrès. Aux Etats-Unis, Washington est l’équivalent de Bruxelles : c’est loin, bureaucratique et inefficace. D’ailleurs, de façon hypocrite, les candidats font campagne contre Washington même s’ils y travaillent depuis 50 ans !
"Les secrets de la Maison Blanche", le dernier ouvrage de Nicole Bacharan et Dominique Simonnet, est disponible aux éditions Perrin.
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